Plume au vent
Plume légère et virevoltante dans le vent qui sait si bien souffler lorsque le ciel de Provence se fait cotonneux.
Se laisser porter par le temps, le temps qui lui aussi nous pousse à continuer à souffler, souffler encore et encore pour déblayer le tracé de notre chemin et toujours garder une fenêtre de ciel bleu ouverte sur notre horizon.
Même si parfois la fenêtre devient lucarne, ne pas perdre de vue le bleu de l'azur.
Dans certains cas d'absence de bleu dans ma région, le vent sait se faire aimer au point de l'appeler de nos voeux parfois afin de venir réouvrir l'habituel écran bleu au dessus de nos têtes lorsque des entrées que l'on nomme maritimes viennent placer un filtre gris entre le ciel et nous.
Alors dans ces cas de grise mine de la part de notre ciel Provençal, nous l'attendons avec impatience et lui, tel un amant que l'on aurait délaissé semble se faire prier et ne nous donne plus aucun signe de sa présence.
Pourtant il sait combien l'absence de ciel bleu peut nous perturber et combien son manque d'ardeur à venir nettoyer d'un grand coup de souffle ce gris qui n'est pas une couleur de ciel pour nous, peut nous atteindre.
Heureusement, même sans son appui il est rare qu'une journée entière se passe sans que notre autre grand ami, ne nous envoie quelques rayons ensoleillés pour nous faire garder espoir.
Ce vent au caractère ébouriffant et dérangeant parfois, peut nous rendre ivre par sa violence avec ses rafales à plus de 100 km/h, mais il attire notre tristesse aussi lorsqu'il attise les feux de nos belles forêts. Et il faut reconnaître qu'il a de quoi détruire dans ce département qui est le plus boisé du pays. Mais peut-être que ces jours là c'est lui qui veut nous démontrer sa colère face à ces inconscients qui "eux" provoquent les incendies. Alors, voyant les désastres de certains humains, il ne peut contenir sa fureur et se met à souffler jusqu'à épuisement.
Nous l'aimons et le redoutant selon les périodes, les saisons, sans pouvoir lui en vouloir finalement ni de son absence, ni de sa force.
Tantôt Amour, tantôt fléau, le Mistral fait partie de notre vie, de notre tradition…
Tiens, voilà un rayon de soleil qui vient traverser la vitre pour se poser à mes côtés. Un regard vers le ciel et je vois une trouée lumineuse qui semble comme chaque jour venir nous offrir la caresse de mon grand ami le soleil.
Serait-il jaloux de mon appel au Mistral et me rappellerait-il ainsi qu'il n'a nul besoin de lui pour venir jusqu'à nous pour nous offrir ses rayons !
Mais je parle tellement plus souvent du soleil que du Mistral, qu'il ne peut se fâcher et ne pas venir chaque jour nous faire signe de son existence.
La première partie de ma vie a connu un autre vent bien plus chaud que le Mistral, il se nomme Sirocco et sans doute que je vous en parlerai un autre jour… La violence et la douceur m'ont ainsi accompagnée au travers des vents de ma vie.
Comme je vous le disais, se laisser porter par le vent qui souffle au travers de notre vie et savoir en apprécier toutes les nuances et les parfums qu'il nous fait découvrir.
Se laisser flotter telle une plume tombée du ciel, peut nous permettre durant un temps d'avancer plus rapidement vers notre but qui nous semblait si éloigné.
Savoir profiter de ces rafales qui rendent l'air si limpide et nous donnent l'impression de pouvoir nous envoler au dessus de la grisaille. Retrouver les couleurs lumineuses de la vie.