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amenaviguante
17 janvier 2016

Souvenirs d'enfance

 

 

GRAND PERE MONNET

Photo personnelle, pas de bonne qualité, mais sauvée de tant de déménagements. 

 

 

Je cherche et ne trouve pas.

Je cherche le souvenir le plus ancien de ma mémoire et je n'arrive pas à remonter aussi loin que je le voudrais.

Mon retour en arrière s'arrête sur cette image où je me vois petite fille d'environ cinq ans face à mon grand père paternel qui me semble être un géant. Il est grand, il se tient bien droit dos au mur, une casquette sur sa tête alors que nous sommes dans la salle à manger de l'appartement dans lequel grand-mère et lui vivent. Il a la tête un peu penchée et un grand et doux sourire. Il a l'air joyeux et son sourire illumine ses yeux !

Alors je me regarde… et je me vois face à lui tenant dans mes bras le merveilleux cadeau que mon grand-père et ma grand-mère viennent de m'offrir. Une magnifique poupée presque aussi grande que moi ! Je suis si étonnée de sa grandeur que je la maintiens debout à mon côté comme si cette poupée était déjà mon amie.

Je réalise que c'est certainement mon visage qui doit refléter une telle surprise, qui met ainsi en joie mon grand père.

Ma grand mère, elle, je la vois assise. Mais peut-être est-ce un faux souvenir qui me fait croire qu'elle est assise, car autant mon grand père est grand, autant ma grand mère est petite.

Mes souvenirs l'imaginent souvent assise, son visage me sourit mais d'un sourire différent de celui de grand-père. Il est à chaque fois presque à la limite du rire. Son petit chignon laisse échapper quelques mèches qui donnent encore plus de chaleur et de douceur à son visage ainsi auréolé de ces doux rubans blancs qui volettent à chaque souffle d'air. Souvent sa main calme ce léger mouvement de cheveux en tentant de les ramener vers une épingle qui elle aussi essaie de s'échapper de ce chignon où le blanc cache désormais l'ancienne teinte de sa chevelure.

 

Mais le fait que mes souvenirs me la montrent assise viennent sans doute de cet autre souvenir arrivé plus tard, grand-mère a fait une chute alors qu'elle était sur le premier escalier roulant qui venait d'être installé dans notre ville. Son col du fémur en fit une douloureuse expérience et l'époque étant ce qu'elle était, cet accident l'empêcha de continuer à sortir faire son marché et les promenades habituelles. La laissant assise sur ce fauteuil près du balcon de la pièce principale de l'appartement. Ce qui provoqua, d'après ce que mes oreilles enfantines purent glaner des conversations qui se murmuraient autour de moi, une fin bien plus rapide que ce que l'on aurait pu espérer sans cette chute.

Grand-mère était toujours aussi souriante lorsque nous venions, mais sa vivacité, ses sorties et son plaisir à nous préparer de bons repas avaient disparus.

C'est ainsi que je perdis ma grand mère du côté de papa alors que je ne voyais déjà plus depuis plusieurs années mon grand père. Je n'avais jamais connu d'autre grand-père, celui que nous aurions dû avoir du côté maternel ayant été emporté très jeune d'une maladie que l'on nommerait aujourd'hui "maladie professionnelle". Mais comme je le disais, l'époque étant ce qu'elle était…

Je n'avais donc que brièvement connu un seul grand-père et je perdais l'une de mes grands mères. Comme son rire me manquait.

 

Avant la chute de grand-mère, le frère aîné de papa qui était célibataire vivait chez ses parents et faisait partie de ce que l'on nommait à cette période, "des vieux garçons". 

Mes soeurs, mon grand frère et moi nous prenions un immense plaisir à pénétrer dans sa chambre en son absence et à jouer à sauter sur son lit.

Il faut préciser que son lit avait un édredon !! Un édredon ! Nous ne connaissions pas ce style de parure de lit. La ville en bordure de Méditerranée du pays où nous habitions n'avait pas l'habitude de ce genre de chauffage.

Cet édredon nous provoquait avec sa douceur dans laquelle nous nous enfoncions en sautant sur le lit ! mais ce qui nous faisait le plus rire ... les rires de notre grand-mère qui s'amusait de nos jeux tout en nous prédisant la pire colère de son fils, notre oncle, lorsqu'il rentrerait ! Nous arrivions à crier au travers de nos rires, "nous n'avons pas peur de lui".

En effet, jamais les colères de notre oncle ne furent de véritables colères. Maintenant que je connais les histoires de Pagnol et des vieux provençaux, je peux dire que nous avions sans le savoir notre oncle façon Pagnol ! Le verbe haut et la colère plus proche de la bourrasque qui disparait aussi vite qu'elle n'apparaît et qui ne demandait qu'un baiser ou un sourire pour se dégonfler plus vite qu'un nuage perdu dans un ciel d'été.

Pourquoi aimions-nous tant ce jeu qui provoquait sans surprise les cris joyeux de grand-mère dès que nous rentrions dans la chambre de son fils ! Mais simplement parce que nous étions des enfants qui savions que si notre oncle nous interdisait sa chambre, cela devenait un jeu entre lui, nous et notre grand-mère. Nous devenions l'enjeu de ce petit jeu qui était devenu un rituel entre lui et nous.

Nous nous savions tellement aimés par notre grand mère et voyions combien nos jeux l'amusaient et la faisaient rire ! Quant à notre oncle à son retour, nous lui sautions sur les genoux et empêchions toute rébellion de sa part face à nos rires et nos facéties. 

Nous ressentions en nous une force et une joie de vivre décuplée par cet amour qui nous portait. Cet amour fut toujours là tout au cours de notre vie et nous permit de traverser toutes les périodes néfastes qui vinrent ensuite encombrer notre destinée.

Cette force, qui si elle nous apprenait la chance que nous avions d'être détenteurs d'un tel amour, nous faisait comprendre également combien nous devions en être redevables à nos parents.

Le respect et la reconnaissance se mêlaient harmonieusement  dans l'amour que nous échangions tous.

 

Ma petite grand-mère se garde en moi comme une fine fleur que le mouvement brutal d'un escalier trop moderne pour elle pouvait faire tomber, mais qui avait une force incroyable dans son rire et son sourire.

Je sais que ma voix forte et mon sourire viennent en partie d'elle, puisque mon père en avait hérité lui-même.

Mais si je n'ai pas connu mon grand-père côté maman, j'ai eu la chance de garder plus longtemps ma grand-mère maternelle. Et si je vous en parle un autre jour, vous verrez qu'elle aussi malgré les diverses épreuves traversées connaissait la valeur du rire et du sourire.

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Commentaires
E
un coucou grippé, accompagné d'une alerte tempête sur la Manche...tout baigne! bisous.
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C
Bonjour Angedra.<br /> <br /> Ton billet est super beau ,il me ramène bien en arrière ,il me fait penser a mes grands parents que j'ai bien connue et a mon arrière grand mère ,qui étai très gentille ,a mon souvenir d'elle il me reste en image une dame grande toujours habillée de noir qui me donnais le goûter chaque fois que je lui rendais visite ,ces souvenirs sont restées en moi.Je n'ai jamais et n'oublierai jamais mes grands parents ils sont encrées en moi.<br /> <br /> Bonne journée avec du soleil,ici il fait gris et triste.Bisous.Flore♥
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P
Ah! quel beau souvenir<br /> <br /> J'ai moi aussi dans mon coeur, l'ineffaçable image de ma grand mère que je n'appelais que "Marraine"... elle m' a "élevé" pendant les premières années de ma vie et m'a appris beaucoup... et de chez elle , reste gravé, le souvenir de l'édredon de duvet, dans sa housse de satin, vieil or ,un peu fané où je m'enfouissais...<br /> <br /> De belles histoires que nos racines!!!<br /> <br /> Bises
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E
Ce qui est beau c'est se qui te reste dans la mémoire, le rire de ta grand mère, quand tu racontes, les images arrivent devant mes yeux, comme si j'y étais...ha, les édredons en plumes, c'était d'une douceur...mais bon, pour servir de trampoline...hi hi...ça devait voler les plumes...tu as de beau souvenirs de grand mère...c'est pas mon cas, un jour je raconterais, tu me donnes une idée...bisous tout venteux et mouillés!!!
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A
Un article tout en douceur qui se dépose avec légèreté dans le coeur du partage . Tout comme toi ma grand mère maternelle avait un chignon fait à partir d'une grande tresse . A la différence de la tienne , le sourire n'éclairait pas son visage . <br /> <br /> Ah les gros édredons sous laquelle j'aimais me cacher et sauter aussi . Merci pour ton article . bises
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P
Les souvenirs de jeux d'enfants sont des perles, on en est riches toute la vie comme de l'amour de ceux qui nous ont accueillis... Jolie journée Angedra, à bientôt. brigitte
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E
bonsoir angedra !! te voilà replongée dans tes merveilleux souvenirs d'enfance , en revoyant et en essayant d'analyser ce vieux cliché que tu as su préserver malgré les années!Je n'ai connu qu'une arrière grand mère !! Son souvenir est intact dans ma mémoire . Petite femme à qui la vie n'avait pas fait de cadeau et qui devait sa survie qu'à elle-même et à son immense courage . Tout vêtue de noir , son caraco bien serré , son jupon allant jusqu'au cheville et ses cheveux tous blanc enfermés dans une résille noire qui tenait par un ruban de velours noir . Du coup tu m'as fait revivre une partie de mon passé ,ainsi que celui de tes lecteurs !! Quand à mes grands parents j'ai eu la chance de connaître ceux du côté de maman et que ma grand'mère côté paternel ,mon grand-père étant décédé l'année de ma naissance !!
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V
suite...heureusement il n'en a rien été puisque depuis 20 et quelques années je suis encore là...ce qui m'a permis de connaitre et voir grandir mes petits enfants...j'ai encore pas mal de photos de mes grand parents, car ils avaient la marotte de la photographie..Bonne soirée. Bisous
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V
Quel billet extraordinaire Angedra avec ta mémoire qui revient sur le passé de tes grand parents...Quel bonheur ce la a du être pour toi de les avoir connus tous les deux...Des grand parents souriants et attentifs à leur petite fille...Personnellement je n'ai connu que mes deux grand pères, les deux grand mères hélas sont mortes toutes les deux à 51 ans d'un cancer, ma mère a suivi au même âge et longtemps j'ai cru que ma destinée serait la même à cet âge fatidique...heureusement il<n'en a rien été puisque depuis quelques 20 et quelques années je suis encore là Dieu merci, qui m'a permis de connaitre mes petits enfants et de les voir grandir. Il me reste beaucoup de photos de mes grand parents car ils avaient la marotte de la photographie...Bonne soirée. Bisous.
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G
Ton billet fait remonter en moi tant de souvenirs heureux ! Mes grand-parents paternels, qui avaient eu deux garçons, étaient tellement heureux d'avoir une petite-fille ! Les souvenirs de ma grand-mère sont rares et fugaces, car j'avais 5 ans lorsqu'elle s'est endormie tout simplement, pour ne plus se réveiller. Mais que de souvenirs avec mon grand-père, que d'amour, et comme il m'a manqué lorsqu'il nous a quitté ......... j'avais 14 ans, il est mort des suites d'une opération, le jour de la naissance de ma demi-soeur, dans la même clinique. <br /> <br /> Tu as raison, cet amour, ancré au fond de nous, m'a aussi aidée, bien des fois, dans les moments difficiles. Nos aïeux veillent sur nous ......<br /> <br /> Gros bisous
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L
Ah les souvenirs avec nos chers aïeuls sont gravés à jamais dans notre mémoire. Dommage qu'ils s'estompent au fil du temps et que nous en gardions que des restes fugaces. Je n'ai connu que mes grands-parents paternels car ma maman a été orpheline à 6 ans en 1921 mais je connais leur vie. C'est vrai qu'ils étaient indulgents comme nous pouvons l'être avec nos petits-enfants ce qui permet d'avoir des moments privilégiés avec eux. Il y a beaucoup de connivences quand il y a beaucoup d'amour et on voyait dans leur sourire ou leur regard que rien n'était important à leurs yeux, sauf le respect. Ils ont toujours une grande place dans notre cœur. Bon dimanche. Bisous
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P
C'est un diamant qui repose dans ton cœur et ta mémoire.<br /> <br /> Nous avons tous plus ou moins des souvenirs mais tu les contes si bien, <br /> <br /> que je me voyais à ta place face à cette grand mère qui aimait la vie <br /> <br /> au point de continuer à rire après son accident.<br /> <br /> C'était une époque assez dure où l'on ne pleurait pas sur notre nombril.<br /> <br /> Et sans prononcer ces mots ton récit le fait bien ressentir.<br /> <br /> Je t'embrasse<br /> <br /> Maryse
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E
Que c'est beau de partager avec nous ces souvenirs fugaces de gens qui t'ont légué mémoire, hérédité et des images incertaines mais dont le sourire est la certitude. Des gens qui aimaient leur vie. Je comprends que ta grand-mère, ta petite grand-mère, tel un oiseau auquel on aurait coupé les ailes, a perdu un peu de son plaisir, ne pouvant plus s'affairer comme elle le voulait...
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amenaviguante
  • Plaisir d'écrire et de rêver dans mon monde où les elfes et les fleurs viennent souvent me rendre visite. Montrer que l'on peut voir de la beauté et de l'amour chaque jour de notre vie et qu'il faut en profiter comme si chaque jour était une nouvelle vie
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