Je vole !
Je vole dans l’azur de ce ciel si bleu, si pur, qui s’étale au dessus de moi… je vole, je vous dis !
Mais oui, me voilà légère et incroyablement libre ne voyant que l’immensité de cette vaste étendue bleue qui semble infinie, aucune autre couleur en dehors de ce bleu qui m’aspire et m’enveloppe.
Je vole et virevolte comme enivrée de bleu. Ce bleu me pénètre, m’aspire, me chavire et me nourrit.
Je crois percer ce grand écran bleu, mais je réalise que c’est lui qui m'aspire, qui entre en moi et me transforme en particules, des milliers de particules qui explosent en moi pour m’inonder de bleu !
Le monde est bleu, je le sais depuis longtemps, mais le ressentir aussi profondément me transporte et m’absorbe dans un tendre tête à ciel, juste l’azur et moi.
Je suis avide de bleu, d’envol vers cet espace qui semble me porter, me transmettre une légèreté qui me détache de tout bruit, de toute agitation terrestre. En dehors de ce bleu qui représente tout mon espace, rien d’autre. Tout a disparu.
Je vole sans notion de temps, de lieu, je suis entièrement accaparée par ce bleu.
Je me sens d’une telle légèreté que j’atteins les frontières de l’oubli…
Ploc !!
Une chute me ramène sur terre, enfin sur le sable de la plage où je suis allongée depuis de longs instants. Atterrissage forcé !!
Je soulève ma tête pour comprendre quel est ce « ploc » qui m’a fait redescendre aussi vite sur terre !
Là, sur ma jambe, une fiente de gabian est venue s’étendre me ramenant illico presto parmi les simples humains qui ne peuvent déployer leurs ailes que pour rêver !
Me voilà entre rire et déception. Décidément ce bleu me transporte trop loin, vers des contrées inconnues qui me font franchir le fin rideau qui me sépare souvent de mes rêves, mes rêves bleus.
Retour sur terre assez brusquement, en pleine phase avec la réalité !
Même si mon monde est bleu, malheureusement il n'échappe pas complètement aux salissures de la vie.
Mon plongeon dans le bleu du ciel après avoir nagée dans le bleu de la mer, la fatigue aidant un peu sans doute, je réalise que j'avais complètement plongé dans une sieste réparatrice, bien allongée sous le soleil…
Je m'étais détachée de tout ce qui m'entoure, ignorant les autres baigneurs, m'isolant au point de franchir le territoire du réel.
Il y a toujours un petit grain de sable qui nous ramène sur terre alors que nous sommes en plein vol !
Aujourd'hui, pour moi cela a été un gabian qui jaloux certainement de me voir évoluer aussi aisément dans son ciel, a trouvé amusant de me déposer au passage un petit rappel à l'ordre.
Mais il ne me découragera pas et rien ne pourra m'empêcher de continuer mes rêves de bleu… si ce n'est le temps qui ne s'arrête pas … et qui m'indique qu'il est temps de rentrer.
Je remonte les plages et je vois que d'autres ailes font comme mes rêves et doivent se plier au temps.
Le temps de donner rendez-vous à d'autres matins qui nous mèneront sur d'autres chemins, d'autres teintes, d'autres rêves.
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