Aujourd'hui je laisse parler mes frères au travers de deux sujets qui semblent très différents et qui pourtant se rejoignent, notre enfance, les parfums d'une autre vie. Les effluves d'une terre chaude et lumineuse aux senteurs d'épices se marient à celles de la cuisine de maman.
Les repas de maman étaient toujours très appréciés et ne se limitaient pas comme souvent aujourd'hui à un seul plat, et encore moins servi à l'assiette et avalé enfoncé dans un fauteuil devant la télévision.
Non, chacun des deux grands repas de la journée avaient lieu avec la famille autour de la table et commençaient toujours par une entrée avant le plat principal et le dimanche, le repas s'enrichissait d'un entremets, qui comme son nom l'indique apparaissait entre l'entrée et le plat.
J'aimais rester en cuisine avec maman et suivre les différentes étapes du repas. C'est ainsi que j'ai appris à aimer cuisiner.
J'aidais parfois à décortiquer un saladier de crevettes que maman avait fait cuire dans un bouillon parfumé avant de les déguster encore tièdes en salade avec une simple vinaigrette citronnée et persillée. Quel délice !
En ce mois de Mars qui est chargé d'Histoire et de souvenirs douloureux pour nous, je laisse un tout petit extrait (l'introduction) du journal tenu par mon frère aîné qui malheureusement n'a jamais pu oublier et accepter…
Ainsi qu'un petit texte de mon jeune frère qui tout comme moi, se passionne pour la cuisine avec particulièrement pour les recettes de maman.
Je me retrouve en mes deux frères, dans cette transmission du passé au travers des évènements qui ont traversé et bouversé notre famille, et des saveurs de la cuisine de maman qui étaient autant de gestes d'amour !
JOURNAL DE L’ANNÉE TERRIBLE.
"" Voici écrites au jour le jour quelques impressions prises sur le vif, alors que je terminais ma 17é année, dans une ville qui allait bientôt perdre un enfant sur deux.
Du premier semestre de l’année 1962 je garde quelques pages d’un agenda ou j’ai noté du lundi 1er janvier au lundi 18 juin, mon propre témoignage sur ces journées de guerre civile.
Je n’ai pas voulu remanier les phrases inscrites sur ce petit calepin afin de ne pas altérer ou diluer le dénouement du gigantesque drame de ma ville.
ALGER luttait contre la mort, les hommes se rassasiaient de sang et de massacres sur ses artères.
Eh! Dis ALGER, durant les six premiers mois de cette année terrible, elles furent toutes appelées nominativement tes rues ou tu te battis contre une condamnation injuste, un exil cruel et indigne.
Assiégée de toutes parts, tu ne voulais pas rendre l’âme, alors sur ton corps nu on déploya tout l’appareil du supplice, on partagea ton corps afin de t’ensevelir dans le silence en t’écartelant de tous cotés. Alors au milieu du carnage, sans chefs réguliers, sans ordres, sans espoir, en de multiples colonnes partirent vers des endroits différents tes habitants de tout âge emportant chacun un morceau de ton âme.
Ton cadavre fut laissé sur le sol d’AFRIQUE, ton esprit se réfugia dans la Gaulle et ailleurs même. ""
RECETTES :
Voici la recette des artichauts à la Barigoule de maman présenté par mon petit frère.
Certes, pour nourrir 7 personnes cela demandait beaucoup de travail à maman, pour effeuiller, évider, tant de coeurs d'artichauts, car bien entendu nous n'en mangions pas un par personne…
Artichauts à la barigoule
""Je me souviens des dimanches avec la nappe blanche et les succulents repas de ma mère, mais aujourd’hui j’ai envie de vous parler d’un plat simple et pourtant sublime que ma mère savait préparer en un rien de temps et qui dans mon souvenir représente la quintessence du bon et simple tout en amenant au palais des sensations inouïes.
Ce plat, les fameux Artichauts à la barigoule, ma mère avait une recette toute simple :
Des cœurs d’artichauts (violets si possible), de l’huile d’olive, du persil, de l’ail et un peu d’eau voilà c’est tout.
Abordons maintenant la recette:
Faire revenir les cœurs dans l’huile chaude , des deux côtés ensuite mettre dans le fond des coeurs la persillade préalablement préparée, rajoutez un verre d’eau , couvrez et faites cuire une heure minimum à feu doux à l’étouffée.
Il est possible de rajouter un peu de vin blanc à la sauce.
Je vous l’avoue avec ma femme nous replongeons quarante ans en arrière quand nous dégustons ce mets.
Bonne dégustation. ""
Je continue avec deux autres façons de cuisiner les artichauts très simplement.
Une fois nettoyés, couper les coeurs en tranches, les faire cuire à la poêle avec un petit oigon émincé dans de l'huile d'olive.
Les déguster ainsi ou en faire une omelette.
🍴🍴🍴🍴🍴
Les couper en quatre puis les faire cuire avec un oignon émincé, des petits pois et des fèves.
Sur la photo j'avais rajouté une carotte qui se tretrouvait isolée (!) mais la recette habituelle est sans carotte. Maman cuisinait ce plat avec des petites côtelettes d'agneau.
Une autre recette qui a un goût d'enfance… les cocas.
Les dernières cocas cuisinées par mon petit frère et dégustées tout récemment.
La famille est un bien précieux qui nous sert de phare dans les nuits de notre vie.
La transmission est un ancrage que nous pouvons offrir à nos enfants et petits-enfants.
N'hésitez pas à leur faire ce don d'amour au travers de vos souvenirs, vos recettes de cuisine, vos écrits ou tout autre liens qui pourront leur servir de port d'attache peut-être pas pour aujourd'hui, mais un jour ils en auront besoin et vous en seront reconnaissants.
Une recette qui me parle de joyeux pique-niques où des goûters qui étaient du mode salés plutôt que sucrés à notre plus grande joie. Maman devait passer de longues heures dans la cuisine, car non seulement elle avait cinq bouches enfantines à combler, mais bien entendu elle ne pouvait s'empêcher de vouloir également faire plaisir aux voisins en semaine, mais aussi à nos amis lors de nos journées au bord de la mer.
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