Ma terre est habitée par les Dieux
"Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil, et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierres."
Je suis née sur cette terre et sous ce soleil dont parle Camus et comme il a su si bien le décrire, moi aussi j'ai toujours marché à la rencontre de l'amour et du désir.
"Nous marchons à la rencontre de l'amour et du désir. Nous ne cherchons pas de leçons, ni l'amère philosophie qu'on demande à la grandeur. Hors du soleil, des baisers et des parfums sauvages, tout nous paraît futile."
J'ai toujours ressenti cette nécessité de me ressourcer auprès de cette puissance d'émerveillement que seul l'amour sait nous faire découvrir.
"Je comprends ici ce qu'on appelle gloire: le droit d'aimer sans mesure. Il n'y a qu'un seul amour dans ce monde. Étreindre un corps de femme, c'est aussi retenir contre soi cette joie étrange qui descend du ciel vers la mer."
"le droit d'aimer sans mesure." Oui l'amour ne se mesure pas, il se donne sans contrainte et sans limite. L'amour vous surprend sans que vous le cherchiez, il vous saute au coeur et le transperce vous faisant basculer dans une autre dimension ou tout vos sens deviennent avides de liberté, abattant toutes les barrières qui entravaient vos jours jusqu'alors.
Votre lit de simple et calme jonque prend des airs de navire pirate qui vous entraîne dans des océans déchaînés dont les vagues vous ramènent au petit matin sur des rives de sables blonds auprès d'une mer accueillante pour un réveil de douceur. Vos nuits aux voyages lointains et hors du temps rivalisent avec vos jours qui s'envolent dans des variations à deux coeurs qui s'emmêlent et s'enflamment dans un concerto à quatre mains qui joue uniquement pour vous.
Je ressens cette "joie étrange qui descend du ciel vers la mer…"
et m'en nourris chaque jour qui me fait admirer encore et toujours cette terre chauffée par les rayons de cet astre artificier tirant ses plus chaudes flèches sur ces rives parfumées.
J'aime plus particulièrement lorsque la terre surchauffée aux heures les plus brûlantes de l'été m'emporte dans un tourbillon de senteurs où même le minéral distille un parfum qui me ramène sur les traces de mon enfance.
Je suis cette terre conquérante et douce à la fois, je suis cette mer accueillante et vorace parfois, je suis ce grain de sable entre cette multitude qui s'écoule entre mes mains aux doigts entrouverts, je suis ces fleurs aux parfums entêtants, je suis ces fruits gorgés de saveurs, je suis tout cela et plus encore qui font que toutes ces beautés qui m'ont été offertes lors de ma naissance s'enchevêtrent en moi en un chant mélodieux déferlant d'amour et de reconnaissance.
Je suis telle la myrrhe dont le tronc blessé pleure des perles de résine, mes larmes ont su se transformer en perles de beautés aux parfums merveilleux qui distillent dans mon coeur ce sentiment de gratitude envers ces forces qui donnent du sens à ma vie.