COULEUR.... LUMIERE
J'aime vous parler des couleurs chaudes et enivrantes de la Provence.
De ses couleurs vives qui chantent et enchantent les sens.
Parfois, pour celui qui les découvre pour la première fois, elles paraissent "criardes" et trop agressives. Il est vrai que sous le soleil brûlant les tons ne peuvent se contenter de couleurs sages, ils ont besoin d'éclats, de nuances infinis qui s'adaptent aux vifs éclats des rayons du soleil.
Mais aujourd'hui je vous parlerai de la Lumière qui baigne les couleurs d'une ville qui a captivé mon coeur il y a de nombreuses années déjà et qui continue à le faire battre plus intensément à chaque visite.
Cette Lumière se pose sur la Bellissima, je parle de Venise et empli non seulement mon regard de couleurs d'un passé toujours vivant, mais fait déborder mon coeur d'émerveillement.
Les merveilles du passé, l'eau qui est présente autour et dans la ville, un air unique qui baigne Venise…. un tout qui me transporte à chaque fois.
Lorsque l'on se promène dans les ruelles (calli) ce qui est le plus inhabituel c'est le son…
Le son de ces milliers de pas qui remplace celui des voitures et autres bruits d'une ville.
Et presque à chaque croisement de rues, des petites places (campi, presque tous abritent un puits décoré de reliefs) qui nous offrent l'accès à des églises.
Le long des canaux le clapotis des gondoles ainsi que le passage des barques pour le transport des marchandises, les déménagements, les travaux etc. Et des ponts, des petits, moyens, grands, connus ou non mais tous très employés pour enjamber l'eau si présente.
Le Grand canal étant la principale voie de communication de Venise, est un continuel passage de barques, gondoles, taxis et les nombreux vaporetti qui permettent de se rendre d'un point à un autre pour ceux qui n'aiment pas marcher, mais également pour découvrir les merveilleux palais qui bordent ses rives.
La lumière de Venise se découvrent sous ses mille facettes en fonction de ses passages sombres et humides puis du jaillissement d'un éclat d'or au sortir d'un des nombreux passages couverts.
Lumière tamisée lorsque nous circulons sous les arcades qui abritent les nombreux commerces et cafés avec notamment sous les arcades de la Place Saint-Marc "le mythique" Caffe Florian.
A chaque visite de Venise je fais une halte "chocolat", "café" et même "champagne" dans ce magnifique café au charme très vénitien.
Je ne sais si l'âme de Venise se trouve dans ce lieu si luxueux et au charme désuet, mais je sais que pour mon âme romantique voir le dernier rayon du soleil couchant illuminer la Basilique installée dans un fauteuil du "Caffe Florian" c'est ma musique personnelle qui compose la symphonie qui sait donner libre cours à toutes mes émotions.
Je ne vous ai pas parlé des sites et autres merveilles à visiter, mais là n'était pas mon propos aujourd'hui.
Non, je voulais simplement tenter de vous faire comprendre l'éblouissement qui me projette à chaque fois en dehors de toute réalité lorsque j'arrive à Venise.
L'intensité que je ressens en passant des ombres à la lumière qui me prédispose encore plus qu'à l'accoutumée à de longues rêveries au dessus d'un pont, au coeur d'un passage qui laisse entrevoir un jardin mystérieux. Je laisse Venise s'emparer de moi, encore et toujours, et je la laisse me guider isolée tant au milieu de la foule qui n'a pas su se laisser envouter que sur une place à l'heure de la sortie de l'école. Assise sur un banc j'assiste aux jeux des enfants de Venise, qui sait se laisser approcher à qui la regarde avec son coeur.
Cette ville est un condensé de beautés qui me fait vibrer, c'est un musée vivant à ciel ouvert, c'est le charme, c'est une romance, c'est une lumière.
Est-ce cette eau si présente qui lui confère cette aura qui m'aspire ainsi et m'attire vers elle.
Je sais simplement que dès le premier regard posé sur Venise, mon coeur a su que l' amour s'installait entre nous.
J'étais devenue la prisonnière consentante de Venise la séductrice.
.. "" 'Venise', et c'est comme une étoffe de soie qui se déchire dans un rayon de soleil... 'Venise', et toutes les couleurs se confondent en une changeante transparence...""
Henri de Régnier
A Venise
J'ai connu ton regard et j'ai connu ta bouche.
Je sais ce que le ciel, quand le soleil se couche,
Met à ton front serein de grâce et de splendeur.
Un souffle du Lido m'apporta cette fleur,
Errante sur les Mots brodés d'écumes blanches.
Les cigales au loin résonnaient dans les branches.
Lorsqu'il fallut, hélas ! partir et te quitter,
Je te laissai mon coeur sans en rien emporter.
Tel l'amant ô la plus auguste des maîtresses.
S'arrache, frissonnant, aux dernières caresses.
Albert Mérat - Les Villes de Marbre