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amenaviguante
17 mai 2014

PROVENCE

 

FSCN0012

 

 

La montée avait été rude et elle éprouva le besoin de souffler.

Un arbousier aux fruits orangés lui indiqua l'endroit où elle pourrait se reposer. Une fois ce point atteint, en voulant se rapprocher de l'arbuste son pied trébucha sur une racine qui entravait le chemin. Elle reprit son équilibre et réalisa qu'elle ne pourrait joindre des secours si un accident survenait.

Elle réalisa la stupidité de ce départ vers la colline sur un coup de tête, sans téléphone, sans prévenir de son besoin de s'échapper un instant dans la nature et son désir d'emprunter ce chemin forestier qui grimpe à flanc de coteau. 

Elle était seule, c'est ce qu'elle avait voulu mais maintenant elle comprenait l'imprudence d'une telle situation.

 

Bon, après tout se dit-elle, maintenant que je suis au sommet autant profiter de la vue qui s'offre à moi 

Elle s'approcha du bord du chemin, s'accrocha à une branche et s'aida ainsi à s'asseoir sur un rocher qui surplombait la vallée qu'elle avait laissée en bas une paire d'heures plus tôt.

Elle connaissait le panorama qui s'offrait à elle mais cette fois encore c'était comme si elle découvrait cette vue pour la première fois. Elle en avait le souffle haletant, des frémissements lui parcouraient le corps, tout en elle vibrait devant le spectacle qui s'offrait.

 

A ses pieds un fouillis de buissons, épineux, arbustes et pins dans une cascade de nuances de vert. Vert vif ou tendre, argenté, sombre ou jouant avec la blancheur des rochers et par endroit des tâches de cet ocre de la terre de Provence.

Ces teintes lui rappelaient les senteurs dont elle s'était enivrées lors de sa marche. Son esprit embué par la forte émotion qui l'habitait suite à la décision qu'elle venait de prendre, l'avait empêché de voir ce qui l'entourait lors de sa montée, mais les effluves de genêt,  laurier-tin,  genévrier,  pistachier, arbousier et autres arbustes odorants avaient réussis à pénétrer la bulle dans laquelle son esprit s'était enfermé. 

Elle prit une touffe de menthe sauvage et la chiffonna dans sa main avant de la respirer. Elle apprécia cette odeur forte, puissante, comme toutes les herbes de cette terre ensoleillée. Ici tout était plus vif, plus éclatant, le soleil qui éclabousse si généreusement cette terre donne à la nature une violence et une sensualité qui sait également se montrer si accueillante, douce et donner à la vie une nonchalance qui fait oublier les difficultés de nos vies.

 

Fascinée par la vue que son poste d'observation lui permettait d'avoir sur la vallée elle profita de cette matinée claire et lumineuse pour porter son regard plus loin, au delà de cette nature sauvage, au delà des toits de tuiles des habitations de la ville, là ou le bleu de la mer vient rivaliser avec le bleu du ciel. Une véritable splendeur !

 

Partie en tout début de ce qui promettait d'être une belle matinée, elle avait bénéficiait de la relative fraîcheur de l'heure matinale mais la température sous le soleil qui commençait à l'aveugler lui procurait des milliers de petites piqûres sur sa peau hâlée.

Elle fit un effort pour s'arracher à cette contemplation et força son esprit à sortir de cette sorte d'errance dans laquelle il avait l'habitude de se perdre face au spectacle que ce Sud si cher à son coeur lui offrait.

 

Elle entreprit la descente du chemin qui l'avait mené jusqu'ici. Bien qu'encore un peu engourdie par ce moment d'abandon qu'elle venait de vivre, elle ressentait que la tempête qui l'avait conduite au sommet de cette colline l'avait abandonnée. Le silence qui l'entourait l'avait pénétré d'une certaine mélancolie dans laquelle elle se laissait baigner, sachant que celle-ci n'était que l'annonce de la récompense ultime que son escapade lui procurerait dans quelques instants, cette émotion mystérieuse qui l'emplirait d'une joie intense comme à chaque fois qu'elle se ressourçait auprès de cette terre qui était sienne maintenant.

Cette terre qui ne peut exister que par sa cohabitation avec la mer. Cette terre ou le ciel et la mer semblent se confondre. Cette terre qui ne peut laisser indifférent, qui charme, fascine ou semble insaisissable dans sa beauté, ses contrastes.

 

DSC01188

 

 

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Commentaires
R
j'adore la Provence et je vais suivant.<br /> <br /> Merci de ton gentil mot sur mon blog de cuisine.<br /> <br /> bon mois de juillet<br /> <br /> rosa
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M
c'est très beau Angédra, à la nature Provençale que tu nous décrit si bien , il me semble entendre les cigales , et sentir ces parfums entremêlés qui embaument l'espace temps pour les restituer plus tard , j'aime la Provence, je ne sais si j'y retournerai un jour, je pense que non , car ,comme le chante si bien Michel Fugain, "même en courant plus vite que le vent, plus vite que le temps, je n'aurai pas le temps, pas le temps ....", merci du partage, à bientôt, bisous /M♥
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V
Tu parles bien de ton pays la Provence Angedra..on croirait presque entendre Jean Giono, tellement la nature est bien décrite...avec les senteurs de thym et de romarin, le ciel pur et ses sentiers sauvages..<br /> <br /> Pour le bateau j'y vois un symbole, qui te relie à travers la méditerranée à ton pays d'origine qui a bercé ton enfance. Oui la mer nous sépare de nos souvenirs d'enfance , de nos maisons, la plage, les amis, les ancêtres laissés là bas...<br /> <br /> Je te souhaite une douce soirée..Bisous
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E
Je froisse moi aussi certaines feuilles pour que leur odeur m'en pénètre... ça complète les joies de la vue... Oui je comprends aussi cette promenade, initiée sans précautions, mais finalement... porteuse de certitudes
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P
J'ai l'impression de reconnaître ces lieux...<br /> <br /> La nature, sa beauté, ses parfums, sa musique, sa lumière... tout y soigne l'âme et le corps ! Comme je comprends ce que tu as ressenti ! Bises. brigitte
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L
C'est bien dit...<br /> <br /> Cette photo de voilier m'impressionne aussi...<br /> <br /> Nous sommes comme ce voilier qui appartient à l'eau, nous appartenons à la terre.<br /> <br /> Pour ma part je suis né en pays Cathare, et déplacé dans le pays des huîtres, me voilà dans le pays de Provence pour un temps ; avant de finir en Asie.<br /> <br /> J'appartiens certes à cette planète, mais je n'ai su trouver ma place... Pas encore.<br /> <br /> Je comprends ce sentiment d'émerveillement, de plénitude.<br /> <br /> Merci pour ce partage.
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L
Bonsoir Angedra, Comme la chèvre de Mr Seguin, l'appel de la nature est plus forte que la raison. Tu sais si bien nous parler de la Provence devenue ton deuxième royaume que j'avais l'impression d'y être avec toi. J'ai respiré ton air, j'ai humé le parfum des fleurs et maintenant je vais passer une belle soirée paisible avec une bonne infusion de verveine/menthe. Bonne soirée, bonne nuit, fais de beaux rêves, à demain et bisous.
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amenaviguante
  • Plaisir d'écrire et de rêver dans mon monde où les elfes et les fleurs viennent souvent me rendre visite. Montrer que l'on peut voir de la beauté et de l'amour chaque jour de notre vie et qu'il faut en profiter comme si chaque jour était une nouvelle vie
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